La voie sacrée « Do » du Budoka
Riche d'une expérience de plus de 40 ans comme karatéka passionné, compétiteur chevronné et instructeur réputé, Denis Beaudoin nous livre ici une réflexion pratique sur l'importance des dimensions mentale, philosophique et spirituelle, pour le cheminement personnel de tout "BUDOKA" (adepte d'art martial) engagé sur la voie sacrée "DO" de son art.
Découvrez les bienfaits et les vertus de l'entraînement, ainsi que le but ultime et les richesses intérieures des arts martiaux.
Découvrez comment on peut appliquer les dimensions mentale, philosophique et spirituelle des arts martiaux dans la vie quotidienne (à l'école, au travail, dans sa famille…).
Un ouvrage riche en enseignement, qui saura guider tout BUDOKA dans son cheminement sur la voie sacrée « Do ».
Préface
Dans cette société moderne d'aujourd'hui axée sur la performance, l'efficacité, la réussite et l'argent, nous oublions souvent l'essence même de ce qui la compose et la façonne, l'individu.
L'individu, cet être humain qui a des sentiments, des besoins et des rêves. Comment se sent-il dans cette société dite évoluée ?
Si l'on regarde l'augmentation de la détresse humaine, de la violence, des maladies, des dépressions, des burn-outs et des suicides, force est de constater que nous vivons un profond malaise. C'est que nous avons collectivement mis l'importance sur les valeurs énumérées ci-haut, sans se soucier de la capacité d'adaptation et l'épanouissement des individus.
Les gens sont souvent confus, ils cherchent une identité, des défis à relever, des valeurs auxquelles s'accrocher et un guide spirituel qui peut les inspirer. Il ne faut pas voir ici un message de panique, mais plutôt un signal d'avertissement. Un retour aux sources s'impose. Il faut prendre le temps et les moyens pour se connaître, s'épanouir et se réaliser comme individu.
Les arts martiaux permettent justement aux BUDOKAS de faire ce cheminement personnel intérieur, si la pratique est orientée vers les dimensions philosophique, mentale et spirituelle, qui constituent l'essence même de chaque art martial.
Pratiquer un art martial seulement pour son aspect technique ou pratique d'autodéfense, pour ses bienfaits physiques, ou pour la compétition, c'est comme voir en l'iceberg que la partie visible et superficielle du glacier au-dessus de l'eau. Sans ses dimensions philosophique, mentale et spirituelle, l'art martial perd de son essence même et devient alors un sport ou une activité physique parmi tant d'autres.
Malheureusement, les arts martiaux ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur, et ce, à cause de certains préjugés non fondés du public.
En effet, plusieurs personnes perçoivent les arts martiaux comme des sports de combat violents, plutôt qu'un art pacifique d'autodéfense basé sur le développement intérieur de l'individu.
La première partie de "La voie sacrée du budoka", se veut une réflexion pratique pour sensibiliser les adeptes d'arts martiaux à l'importance des dimensions philosophique, mentale et spirituelle, dans leur cheminement personnel.
Dans la deuxième partie, je me propose de vous faire comprendre comment appliquer ces dimensions dans votre vie quotidienne, en vous faisant partager mon cheminement personnel sur la voie sacrée du budoka.
Qualités d'un budoka
Voici les qualités qu'un budoka doit posséder s'il désire s'engager correctement sur la voie sacrée de son art martial:
- Avoir une attitude positive et comprendre que l'art martial est avant tout un art d'autodéfense et une école de formation humaine. Avec cette approche, le budoka ne vient pas s'entraîner dans le but d'apprendre à se battre ou à prouver qu'il est le plus fort ou le meilleur. C'est alors qu'il peut faire une démarche sérieuse avec un esprit ouvert et réceptif, dans un climat de confiance.
- Faire preuve d'humilité et de respect. Il faut se rappeler que l'art martial exige que l'adepte soit humble et respectueux des gens et de son entourage.
- Rester motivé et concentré en tout temps. L'intérêt et l'attention sont les bases de l'apprentissage et de la connaissance.
- Toujours donner son maximum. L'intensité de l'effort est à l'origine de la progression physique et mentale.
- Être déterminé, persévérant et patient. La détermination est la mère de la réussite, alors que la persévérance et la patience inculqueront une discipline personnelle de corps et d'esprit, nécessaire à tout cheminement durable.
Comme vous pouvez le constater, les qualités athlétiques et physiques ne sont pas nécessaires au cheminement intérieur du budoka.
Le schème de référence
Pour que le budoka puisse cheminer correctement, son schème de référence doit se limiter au niveau de son apprentissage et de sa progression personnelle, et non par rapport aux autres.
Pour lui, ce qui importe avant tout, c'est d'apprendre, de s'améliorer, de vivre des expériences enrichissantes, de relever des défis, et de se dépasser, tout en essayant d'échanger et de tester ses connaissances et ses habilités.
Pour le budoka engagé sur la voie sacrée, il n'y a pas d'échecs ou de défaites, il n'y a que des leçons et des apprentissages qui le font grandir toujours un peu plus.
L'importance du "SENSEI"
Pour l'accompagner sur la voie sacrée, le budoka a besoin d'un "Sensei" (instructeur), qui saura le guider, l'éclairer et l'inspirer dans son cheminement personnel.
De par sa définition, le mot "Sensei" signifie celui qui est venu avant et qui montre le chemin à suivre, la voie, le "DO" japonais. Plus qu'un simple instructeur, le Sensei a la lourde responsabilité de devoir guider ses élèves dans la bonne direction et de les accompagner dans leur cheminement personnel.
Le choix d'un bon "Sensei" revêt une importance capitale pour le budoka qui désire s'engager sur la voie sacrée. Le Sensei doit être un instructeur consciencieux et passionné, animé par le désir de partager ses expériences et ses connaissances. Il doit être un bon communicateur et un motivateur, qui a à coeur le cheminement personnel de ses élèves, plus que ses propres intérêts personnels et financiers.
Un bon "Sensei" est celui qui continue à s'entraîner, à apprendre et à cheminer et sait mettre en pratique dans sa vie quotidienne, la philosophie et les valeurs martiales qu'il enseigne.
Respect du rituel martial
Le contexte d'entraînement des arts martiaux se fait selon un rituel martial très spécifique. C'est le respect de ce rituel martial qui permet au budoka de se mettre dans une position de réceptivité et de confiance, éléments essentiels à l'apprentissage et à la compréhension des dimensions mentale, philosophique et spirituelle.
- Le salut: Il faut saluer en entrant et en sortant du dojo, saluer son Sensei, saluer ses partenaires et saluer ses adversaires. Il ne faut pas oublier que l'art martial commence et se termine par un salut, ce qui symbolise le respect et l'humilité.
- Le respect: Il faut respecter la hiérarchie et l'autorité. Chacun a sa place et son rôle à jouer dans le dojo, avant, pendant et après les entraînements.
- Il faut également respecter des règlements et des procédures de fonctionnement. Il faut savoir que chaque dojo ou organisation a des règles de fonctionnement particulières. Il est important pour le budoka de bien les connaître et s'il les accepte, de s'y conformer. Le budoka doit comprendre que c'est à lui de s'adapter au Sensei, au dojo, et à l'organisation et non l'inverse.
L'importance de l'engagement
Sans engagement total et sincère, le budoka ne fera qu'effleurer de façon superficielle l'art martial qu'il pratique (un peu comme toucher la pointe visible de l'iceberg au dessus de l'eau), se limitant ainsi à un entraînement sportif, physique et technique.
Pour connaître la voie sacrée « Do » des arts martiaux, le budoka doit s'engager de façon sincère et totale. C'est seulement de cette façon qu'il pourra en retirer tous les bénéfices, le conduisant ainsi vers un cheminement personnel intérieur durable.
La notion d'engagement fait également référence à la notion de temps.
Plus la période d'engagement sera longue, plus les bénéfices seront nombreux et plus le cheminement personnel intérieur du budoka sera profond et durable.
Pour le budoka engagé sur la voie sacrée, les arts martiaux feront toujours partie intégrante de sa vie. Il tentera d'appliquer la philosophie, les principes et les valeurs apprises, dans son quotidien et ce, durant toute sa vie.
Les vieux maîtres sont la preuve vivante, que les arts martiaux sont l'histoire de toute une vie.
Je me rappelle qu'un jour mon Sensei, le maître japonais TORU YAMAGUCHI, alors âgé de 64 ans, m'a dit: "Pour beaucoup de monde, le temps c'est de l'argent, mais pour moi, le temps c'est du karaté".
Voilà pourquoi on dit que les arts martiaux sont une philosophie de vie, une façon de vivre.
Progression du budoka
Le cheminement du budoka sur la voie sacrée se fera de façon progressive et constante, en considération de plusieurs facteurs tels que son âge, son niveau, son rythme d'apprentissage, ses aptitudes physiques et mentales, ses objectifs et les exigences spécifiques de son art martial.
Jusqu'à la ceinture noire, le cheminement du budoka se fera surtout au niveau mental, grâce à un entraînement physique, technique et pratique intensif.
À compter de la ceinture noire, le budoka fera un cheminement basé sur la compréhension et l'interprétation des valeurs et de la philosophie des arts martiaux.
À compter du 3e Dan, le budoka s'engage dans un cheminement beaucoup plus profond, qui consiste à découvrir et explorer les dimensions sprirituelles des arts martiaux.
À compter du 5e Dan, le budoka continue son cheminement intérieur tout en s'engageant à aider et guider les autres budokas dans la voie sacrée « Do ». Il a la responsabilité de redonner à son Sensei et à son art, ce qu'il en a reçu et si possible, un peu plus.
Comme on peut le constater, le cheminement personnel du budoka sur la voie sacrée « Do » est l'histoire de toute une vie de recherche, pour son équilibre et son épanouissement intérieur.
Les bienfaits et les vertus de l'entraînement
Quels sont les bienfaits et les vertus que peuvent apporter la pratique d'un art martial ?
amélioration de la condition physique au niveau cardio-vasculaire, agilité, souplesse, coordination, tonus musculaire, etc.
- plus grande concentration
- meilleure discipline
- contrôle de l'agressivité
- contrôle du stress
- plus grande confiance en soi
- meilleure estime de soi
- méthode d'autodéfense
- souci du perfectionnement
- détermination et persévérance
Bien que ces réponses soient exactes, elles sont incomplètes. Personne ne peut nier la noblesse de ces bienfaits et de ces vertus, cependant, il manque deux éléments essentiels à ces réponses:
- faire ressortir l'importance des dimensions philosophique, mentale et spirituelle, qui permettent au budoka de faire un cheminement personnel intérieur
- expliquer comment ces bienfaits et ces vertus peuvent être utiles et applicables dans la vie quotidienne du budoka
En ajoutant ces deux éléments essentiels, nous venons de distinguer les arts martiaux des autres sports ou activités physiques.
But ultime des arts martiaux
Le but ultime des arts martiaux est de permettre aux budokas de faire un cheminement intérieur, afin qu'ils puissent intégrer les principes, les valeurs et la philosophie enseignés au dojo, dans leur vie quotidienne, à l'école, au travail ou dans la famille.
Voilà pourquoi il est essentiel que le budoka s'engage sur la vie sacrée de son art et qu'il fasse ce cheminement personnel et cette recherche intérieure, s'il veut découvrir l'équilibre et l'harmonie, préalables à l'atteinte du but ultime.
Ce sont ces dimensions mentale, philosophique et spirituelle qui donnent les lettres de noblesse aux arts martiaux et qui les distinguent.
Les richesses intérieures des arts martiaux
Les arts martiaux regorgent de richesses intérieures. Un bon Sensei saura les enseigner et les faire découvrir au budoka, à condition que celui-ci y soit disposé (voir le chapitre "qualités requises").
Grâce à un entraînement sérieux et assidu, le budoka découvrira ces richesses les unes après les autres, tout au long de sa progression.
Et ce sont ces richesses qui amèneront le budoka engagé sur la voie sacrée, à faire un cheminement personnel intérieur durable.
Voici, selon moi, les deux plus grandes richesses des arts martiaux:
- L'universalité et l'infinité de ses limites. En effet, peu importe les objectifs ou le niveau du budoka, il y a toujours quelque chose à apprendre, à améliorer et à découvrir et un cheminement à continuer.
Plus le budoka s'investit dans son art, plus il en retire des bénéfices et des vertus, plus le budoka s'engage dans son cheminement intérieur, plus il fait de découvertes.
En fait, les seules limites des arts martiaux, ce sont celles que le budoka s'impose lui-même. - Le budoka est toujours confronté à lui-même. Le plus dur combat que le budoka aura à livrer au cours de son cheminement, sera celui qu'il se livrera à lui-même.
En effet, il devra apprendre à se connaître avec ses qualités, ses défauts, ses rêves et ses limites. Il devra prendre des décisions, poser des actions et en assumer les conséquences.
Alors qu'il croit que ce sont ses adversaires qui sont ses pires ennemis, il réalise qu'il devra combattre contre lui-même.
Le cheminement du budoka
Comment appliquer dans ma vie quotidienne les connaissances, les valeurs et les principes appris dans les arts martiaux ?
Comment intégrer les dimensions mentale, philosophique et spirituelle des arts martiaux, à ma vie de tous les jours ?
Chaque budoka engagé sur la voie sacrée, possède au fond de lui les réponses à toutes ses questions.
- À chacun sa mission de trouver les réponses et de les appliquer.
- Voilà le plus grand défi qui attend le judoka décidé à s'engager sur la voie sacrée.
- Une mission vous attend !
- Quel est votre cheminement à vous ?
- Par où et par quoi commencer ?